lundi 27 août 2007

Rock en Seine et la littérature





Parc de Saint-Cloud, festival de Rock en Seine, le 26 août 2007.





Divines lumières islandaises au concert de Björk




Comment ça, Rock en Seine n'a rien à faire dans "Ce que tu lis"? Détrompez-vous. Si je vous touche deux mots de ce formidable festival de rock, ce n'est pas pour me vanter d'y avoir vu Björk (époustouflante) et les Bat for Lashes (époustouflantes).

Rock en Seine draine un nombre important de branchés en tous genre, qui viennent défiler dans le parc de Saint-Cloud avec leurs Ray-Ban et leurs Creepers. Mais c'est n'est pas d'eux non plus dont je veux vous parler.

A Rock en Seine, il y a de vraies merveilles de costumes. Certaines personnes, loin de la mode, loin de la fashionitude parisienne (qui somme toute reste sage), se théâtralisent dans leurs vêtements au point de devenir de véritables personnages de roman.


Je les ai pourchassés avec mon appareil photo pour vous le prouver. Jugez plutôt! Et votez pour votre héros ou votre héroïne préféré...






Natasha Khan, la chanteuse du groupe Bat for Lashes. Ou la magicienne Circé dans L'Odyssée d'Homère...








Cet homme porte un masque traditionnel de commedia dell'arte, qui représente le Capitaine. Avec ce masque on joue souvent Don Quichotte, le personnage de Cervantès...







La ferme africaine de Karen Blixen...






La troupe des comédiens dans Hamlet de Shakespeare...








Lawrence d'Arabie (le poète en personne)...







Les hippies (mère et fille) de Drop City de T.C. Boyle...









Dean Moriarty dans Sur la route de Jack Kerouac...







La Fée Clochette, dans Peter Pan de J.M. Barrie...






American Psycho de Bret Easton Ellis...








Le prophète de Khalil Gibran...









Marco Stanley Fogg, le héros de Moon Palace, de Paul Auster...










Encore du Paul Auster : Maria, la photographe du roman Leviathan, inspirée par Sophie Calle dont je vous parlais récemment, s'est incarnée sous mes yeux!






Une ravissante Titania, la reine des fées dans Le songe d'une nuit d'été de Shakespeare, toute auréolée de lumière...









Demande à la poussière de John Fante... un parfum de fifties dans l'Amérique crade...









Blonde de Joyce Carol Oates... mais aussi Le mépris, d'Alberto Moravia, lorsqu' Emilia enfile sa perruque blonde (moment de cinéma aussi, merci Bardot!)









Mais??? des lecteurs, en plein cagnard, entre deux concerts à la Grande Scène?!



J'aurais voulu les interviewer, malheureusement c'est à ce moment-là que les Kings of Leon ont décidé de commencer leur concert. Non seulement je ne voulais pas rater ça, mais chacun sait qu'il n'y a rien de plus bruyant que les fans british des Kings of Leon...







C'est minuit, toutes les Cendrillon fans de rock refluent vers la sortie...







Et maintenant, à vous! Votez pour votre personnage préféré!


vendredi 24 août 2007

Segla lit "Le portrait de Dorian Gray"


RER A, direction Marne-la-Vallée Chessy, le 23 août 2007.






Segla, 26 ans, technicien informatique. Vit à Nanterre.









Près d'une heure de RER pour aller travailler aujourd'hui : pour mon appareil photo et moi, c'est une aubaine. Il s'agit de ferrer un joli poisson lecteur.






Mais pas l'ombre d'un amoureux des lettres en vue. Les enfants crient (ils vont chez Disney, ça les rend fous), les parents font semblant de ne pas voir que Kevin a tapé Brian, et que Charles-Henri a décapité la poupée d'Henriette. Un saxophoniste nous gave les oreilles de ses élucubrations gitano-jazz-métropolitaines. Plongée dans l'écoute salutaire d'un magnifique morceau de Bat for Lashes, je rêvasse et j'en oublie de partir à la chasse au lecteur.



Lorsque soudain, sur le siège en face du mien, un jeune homme élégant dégaine un livre de poche et se jette à corps perdu entre les pages.




J'éteins la jolie voix polaire de Natasha Khan, et je brandis mon compact numérique. Mais pour la photo, Segla rechigne. "Wow! fait-il à la vue de mon petit objectif Panasonic. Mais ça va vous poser des problèmes avec la CNIL, ça!" (il n'y a bien qu'un informaticien pour faire ce genre de remarques!). J'insiste. Allez, un petit quart d'heure de célébrité? "J'ai pas forcément envie d'être une célébrité, mais bon..." Je fais mon sourire de Fée Clochette. Ouf, ça marche.




Qu'est-ce que tu lis?



"Le Portrait de Dorian Gray", d'Oscar Wilde.







Une phrase que tu aimes dans ce livre :




Je n'en suis qu'à l'introduction! J'ai lu la préface aussi. Mais je n'y ai relevé aucune phrase qui m'ait plu.



Pourquoi ce livre?




J'en avais entendu beaucoup parler. Je l'ai trouvé par hasard dans l'armoire de mon grand frère, dans la maison familiale.



Ca, c'est amusant... en ce moment, je lis La poétique de l'espace de Gaston Bachelard.

Encore un jeu de correspondaces, les amis, puisque Bachelard écrit à propos des armoires : "L'espace intérieur à la vieille armoire est profond. L'espace intérieur à l'armoire est un espace d'intimité, un espace qui ne s'ouvre pas à tout venant. [...] Dans une armoire, seul un pauvre d'âme pourrait mettre n'importe quoi. [...] Dans l'armoire vit un centre d'ordre qui protège toute la maison contre un désordre sans borne."




Le grand frère de Segla, s'il range de si beaux livres dans son armoire, est sûrement bien loin d'être un pauvre d'âme...






Tu lis toujours les introductions et les préfaces des bouquins?


Oui, pour faire les choses dans l'ordre! Même si ça peut décourager, parfois... J'ai besoin de connaître le contexte socio-historique du roman. La période du Portrait de Dorian Gray ne m'intéresse pas particulièrement, cela dit. Moi, c'est les sixties que j'aime : la soif de vivre au sortir de la guerre, la musique...





Et maintenant, qu'en penses-tu, de ce livre - ou plutôt, de cette intro et de cette préface?


Lourdes et trop "artistiques"! Trop de grandes phrases. Mais elles n'ont pas réussi à me décourager de lire le roman! Maintenant, c'est bon, je suis lancé!





Qu'est-ce que cela te fait de lire dans le RER?


Avec la musique (le saxo) et les artistes (c'est de moi qu'il parle) on ne peut plus lire! Pince-sans-rire, le Segla.



Ah! je descends là! On est à Noisy. Bon, ben, bon courage!


Et Segla s'en va promptement avec sa serviette grise. Et ma grimace de fin d'interview, alors?




Et désormais, Segla sera pour moi...


Le jeune homme dont j'aurais bien voulu connaître l'origine du prénom. Et un informaticien nouvelle génération, loin des geeks, qui lit des romans de la période victorienne, adore les années 1960 et farfouille avec bonheur dans l'armoire de son frère...












Sur les traces de Sophie Calle





Paris, Centre Pompidou et errances dans le Marais, le 22 août 2007









Il y a quinze ans, Paul Auster, un de mes écrivains favoris, publiait Leviathan, peut-être son meilleur opus après Moon Palace, à mon avis.



En 2003, j'avais déniché cet exemplaire d'occasion dans une petite librairie américaine que je fréquente régulièrement, San Francisco Books, dans le Quartier Latin. En l'ouvrant, j'y avais trouvé ça :









Le talon d'un billet d'avion pour un vol de Los Angeles à Papeete, au nom de BEHR. Je me mis en tête de retrouver cette personne.


Une amie, dont la mère travaillait autrefois comme hôtesse de l'air, mit sa science à mon service; à son avis le billet datait d'au moins dix ans. Ca n'allait pas être facile.


En feuilletant l'annuaire, je trouvai plusieurs BEHR habitant le 5e arrondissement. J'appelai et je ne tombai jamais sur personne. Cet absence étonnante me laissa penser que le destin ne voulait pas que cette personne fût retrouvée. Ou alors, c'était de la paresse pure et simple de ma part.






Quoiqu'il en soit, je vous raconte tout cela car il s'agit en fait d'un véritable jeu de correspondance et bien sûr, une curieuse comme moi ne pouvait pas y rester insensible : Leviathan met notamment en scène un séduisant personnage inspiré par l'artiste Sophie Calle, la photographe Maria.







Comme Sophie Calle, Maria utilise sa propre vie comme matériau premier de son oeuvre. Bien sûr, Maria comme Sophie provoquent certaines expériences. Par exemple, Sophie Calle, ayant trouvé par hasard un carnet d'adresses, contacta toutes les personnes dont les coordonnées y étaient notées afin qu'elles lui parlent du propriétaire du carnet.




En cherchant à joindre la personne nommée BEHR, dont une infime trace de vie avait été aperçue entre les pages d'un exemplaire de Leviathan, j'agissais, sans le savoir à l'époque, à la manière de Sophie Calle ou de Maria.





Or, aujourd'hui, une personne qui m'est chère m'a offert Double Jeux, un coffret de petits livres colorés contenant plusieurs des plus excitantes expériences de Sophie Calle.






Et soudain, tout le jeu des correspondances s'est mis en marche dans ma tête...


Alors, Monsieur, Madame ou Mademoiselle BEHR...






Si jamais vous lisez ces mots, sachez que nous nous rencontrerons un jour...



Et vous, l'auteur de ce très beau cadeau...



Je vous offre cette photo, car je sais qu'elle vous parlera (puisque Sophie Calle y est blonde et qu'elle jette un oeil endormi sur un ange).




PS : Et si Sophie Calle me fait l'honneur de lire ces mots, j'espère qu'elle me fera le très grand plaisir d'être ma prochaine victime.




dimanche 5 août 2007

Bruno Martin lit "Gala"




Le Cap Brun, le 3 août 2007



Bruno Martin, 35 ans, chef d'entreprise. Vit à Paris (3e)







En vacances dans le Sud... Au bord de la piscine, dans l'herbe, ou autour du petit-déjeuner de 14h30, ça lit beaucoup autour de moi. Enfin... ça lit, ou ça regarde des images... Bruno Martin, un ami généralement plutôt plongé dans des pavés d'histoire politique type "Configuration socio-cultuelle du Rwanda de 1993 à 1995", s'est fait surprendre en pleine lecture honteuse!



Qu'est-ce que tu lis?

"Gala", numéro du 1er août 2007.







Une phrase que tu aimes dans ce magazine :

Putain, y en a tellement! Voilà : "Je suis à nouveau amoureux, grâce à Dieu". C'est magnifique. C'est de Benjamin Castaldi.



Pourquoi ce magazine?


Je lis Gala dans le cadre de mes affaires, car aujourd'hui, il n'y a pas de valeur en dehors de l'information... Le pouvoir, c'est le savoir. Je lis Gala trois fois par an, chez le coiffeur et en vacances ici au Cap Brun.




Comment ce "Gala" est il arrivé entre tes mains?

Peut-on réellement croire au hasard? Pendant que moi, je venais de Paris vers Toulon, lui-même, ce magazine, suivait son propre chemin jusqu'à moi, suivant sa propre destinée. Quand on pense à la probabilité qu'on avait de se rencontrer! Il y avait une chance sur un milliard... Certains appellent ça un miracle, d'autres, le destin.



Qu'est-ce que cela te fait de lire dans cette chaise longue, sur la terrasse de ta maison?

Ca donne le sentiment d'avoir trouvé sa juste place au sein du cosmos. Par sphères successives, quoi.


Et maintenant, qu'en penses-tu, de ce magazine?

C'est une petite déception. Je lis ça depuis un quart d'heure et même pas une petite érection. Le Gala du salon de coiffure, lui, il m'en donne. Ou alors c'est la coiffeuse.


Quel est ton livre préféré?

Les mémoires de Churchill. (NDLR : il y a 14 tomes de ces mémoires...)


Maintenant, fais-moi une grimace inspirée par Gala!



Il faut vraiment que tu arrêtes de lire ça...



Et désormais, Bruno Martin, ce sera pour moi...


Un putain de poète. (Pardon les enfants).

mercredi 1 août 2007

Marine lit "Harry Potter and the deathly hallows"




Voiture-bar du TGV Paris-Marseille, le 1er août 2007

Marine, 20 ans, étudiante infirmière, vit à Paris (12e)





Je pensais trouver trop de matière à traiter dans le train qui m’emmenait en vacances aujourd’hui. Le voyage en train n’est-il pas un moment de prédilection pour la lecture ?
Pourtant, étrangement, les gens ne lisaient pas beaucoup dans ce Paris-Marseille. « Public » le disputait à l’Ipod. J’écumais les wagons à la recherche d’un lecteur ou d’un lectrice à interroger, quand soudain, j’aperçois une jeune femme habillée en rose bonbon, de dos, plongée dans un gros bouquin dans la voiture-bar. Je fais demi-tour et je l’aborde.

Qu’est-ce que tu lis ?

« Harry Potter and the deathly hallows » de J.K. Rowling, en anglais. On rit. J'ai l'impression d'être la seule personne au monde à n'avoir jamais lu "Harry Potter".




Une phrase que tu aimes dans ce livre :

Ah, c’est dur ! Il y a en effet des phrases qui m’ont fait rire… Par exemple, il existe un personnage du roman qui parle avec un très fort accent français : “Ah yes, zis will give you ze smoothest shave you will ever ‘ave, but you must tell it clearly what you want… ozzerwise you might find you ‘ave a leetle less hair zan you would like.”

Pourquoi ce livre?

Quand le premier « Harry Potter » est sorti, j’avais l’âge de prédilection pour le lire : 13 ans . Depuis, je les ai tous lus. Je suis fan – enfin, pas au point de me déguiser…
J’ai choisi de le lire en anglais parce que je suis trop impatiente pour attendre la sortie du livre traduit en français. Celui-là, je l’ai acheté au BHV. J’ai grandi à l’étranger jusqu’à mes 10 ans, essentiellement en Asie du Sud-Est et en Ecosse, parce que mon père travaillait dans le pétrole. Je ne suis de nulle part. D’où mes facilités en anglais.
Je ne suis pourtant pas trop portée sur la science-fiction, à la base. Ce qui me plaît dans « Harry Potter », c’est le cadre : les histoires d’adolescence, de magie, d’amour, d’amitié, etc. Ce n’est pas si bien écrit que ça, mais c’est très bien ficelé. On ne décroche jamais. Ca ne s’explique pas en fait ! « Harry Potter », c’est un mystère pour tout le monde.




Un marque-pages improvisé à l'aide d'un sachet vide de galettes de Pont-Aven... lecture et gourmandise...



Pourquoi lis-tu dans la voiture-bar du train ?

Parce qu’on est mieux que dans les wagons où il fait toujours froid. Ici, il y a du soleil et le bruit du bar n’est pas désagréable. On peut prendre un café. On voit le paysage et c’est apaisant. Quand je lis dans le train, je prends mon temps. En fait, cela passe trop vite, je voudrais que cela dure plus longtemps, et puis j’ai toujours peur de louper quelque chose du paysage, par exemple. Je ne veux pas dormir dans le train, je ne veux rien rater. La lecture me tient éveillée.





Et mais c'est une ordonnance, ça qui dépasse de ton livre!


Et maintenant, qu’en penses-tu, de ce livre ?

Par rapport aux autres « Harry Potter », ce livre ferme la boucle des mystères. On voit que l’auteur savait où elle allait en écrivant cette série. Pour moi, ce tome s’adresse certes aux enfants, mais il y a un aspect politique dedans. Il y a des allusions à l’oppression, à la rébellion, à la xénophobie, la résistance qui s’organise... Le sang pur, le sang impur… comme pendant la Deuxième Guerre Mondiale! On est proche du nazisme avec le personnage du mage noir qui prend le pouvoir avec ses miliciens. Par ailleurs, l’auteur parle de la censure possible des médias. C’est important de parler de ça aux enfants. Je crois qu’Harry Potter peut les aider à éveiller leur esprit critique.

Quel est ton livre préféré ?

« La vie heureuse » de Nina Bouraoui.

Maintenant, fais-moi une grimace inspirée par ce bouquin !


Ca, c'est Harry Potter? Tiens, moi ça me fait penser à Fantômette!


Et désormais, Marine, ce sera pour moi…

Une fille sans préjugés qui a tout compris au plaisir de lire…