mardi 31 juillet 2007

Bill lit "Les Fleurs du Mal"







Paris Ve, Café de l’Ile de France, le 30 juillet 2007.


BILL, 63 ans, Américain, aquarelliste, vit à Paris (20e)







Quand j’ai servi Bill en terrasse, j’ai entendu son petit accent tellement West Coast. Il est resté des heures à lire en terrasse avec un verre de Bordeaux. Les nuages changeaient de couleur et Bill était toujours là… nous avons discuté en anglais. Il est né à San Francisco et a vécu 20 ans à New York. So beatnik!

Qu’est-ce que tu lis ?

« Les Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire, dans une édition bilingue français/anglais additionnée d’une « Litterary criticism ».




Une phrase que tu aimes dans ce livre :

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. » You know that poem, don’t you ? It’s very famous here, isn’t it…

Pourquoi ce livre ?

Parce que cela faisait longtemps que je voulais lire Baudelaire en français. Petit à petit, j’y viens. J’adore la langue française. Un corps différent naît avec une langue différente. Je deviens beaucoup plus conscient de mon corps, de ma gestuelle. Je pense que la lecture peut vraiment vous transformer physiquement. L’anglais est une langue sèche et rapide. C’est comme une chips. C’est un langage précis. Le français, lui, a besoin de temps. French is all about time. Ecoute ce mot, « nuage ». On dirait vraiment qu’il flotte. « Cloud », ça tombe par terre.


Pourquoi lis-tu à la terrasse d’un café ?

C’est bien mieux que de lire à la maison, surtout avec un verre de vin et les gens qui passent et de jolies serveuses qui viennent vous photographier et vous poser des questions… (oh le charmeur !). C’est vrai qu’à la maison, je lis parfois à voix haute pour m’entraîner. Ici je l’ai fait aussi, mais discrètement. D’ailleurs ce café me tient beaucoup à cœur. C’est l’endroit où, en arrivant à Paris, ma femme et moi avons décidé de vivre séparément. Nous sommes toujours mari et femme, mais j’avais besoin de vivre des choses, seul.

Et maintenant, qu’en penses-tu, de ce livre ?

Je l’adore. Tout d’abord, j’adore Baudelaire. En le lisant en français, je commence tout juste à comprendre ce qu’il voulait vraiment écrire. C’est très émouvant de se rendre compte qu’on commence à prendre contact avec un auteur et une langue.

Quel est ton livre préféré ?

How can you ask a question like that ? Je lis tellement de livres… (il cherche longtemps, longtemps…) Je crois que mon livre préféré, c’est toujours le dernier que j’ai lu.Non, attends, je veux répondre honnêtement à cette question… « Thomas Hardy », une biographie de Clare Tomalin.

Maintenant, fais moi une grimace inspirée par ce bouquin !


Bon, ce n’est pas une grimace, ça, Bill. Mais c’est beau.


Et désormais, Bill, ce sera pour moi...

Un poète que j'aurais voulu écouter des heures...


2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est très bien, continue ... Clémence cousine d'Henri

Anonyme a dit…

J'aime la comparaison avec la chips !
Je découvre votre blog, et c'est un plaisir - surtout quand on tombe sur Baudelaire.
Bien à vous