jeudi 22 novembre 2007

Ce que tu lis déménage!










Chers amis lecteurs, chers curieux,

Mon blog déménage,

Pour être plus beau, plus clair, plus moderne, plus simple...

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samedi 27 octobre 2007

Lecture matinale inavouable

Paris, dans un ascenseur de l'île Saint-Louis, Le 25 octobre 2007

J'avais envie d'un billet idiot - vous me le pardonnerez.


Il existe trois types (au moins) de lectures inavouables :




1. Les longues heures passées à réchauffer un trône en émail, dans l'intimité d'un livre de Melville, ou d'un bon magazine de mode décérébré, faisant fi du monde extérieur et notamment de la personne qui se tortille d'envie de faire pipi de l'autre côté - comme Malcolm.







2. Les longues et éprouvantes nuits passées à planquer honteusement une lecture un peu pornographique - oh, vaguement... à l'adolescence, sous sa couette maculée de Nutella et de Kit-Kat pulvérisés.








3. Les longues minutes passées, le matin, à mastiquer des Choco Pops en scrutant le singe hilare (Dieu seul sait pourquoi...) dessiné sur le paquet et son fabuleux cadeau qui se cache tout au fond du sachet en plastique... ce fond du paquet de cornflakes, où il n'y a plus qu'une vague poussière de grains de riz génétiquement modifiés et accessoirement, soufflés.





Je m'étends sur ce dernier type, parce que c'est celui qui me pousse à vous dévoiler la teneur de ma lecture matinale.




Fraîche, souriante, pas encore maquillée (merveilleusement champêtre en somme), j'achète ma baguette chez le boulanger : elle est tiède et dorée, c'est une baguette Tradition. Dans quelques secondes, je la dégusterai, tartinée d'un beurre fermier et accompagnée d'une tasse de café brûlante avec un nuage de lait entier. Comme c'est beau, la France! Jean-Luc Petitrenaud me regarde avec satisfaction par-dessus ses petites lunettes de fer, Jean-Pierre Coffe m'adoube, Maïté me fait reine.



Et soudain dans l'ascenseur, ce constat horrifiant : on m'a trompée. On m'a trahie. Vil boulanger! Ce n'est pas une baguette Tradition. C'est une baguette ROCK'N'ROLL !


Le rock? J'adore. Dans mon Ipod. Pas avec du beurre fermier dessus.


Avec horreur, mon regard ne peut quitter le sachet de papier qui enveloppe ma baguette de pain :





Non seulement ce papier s'orne d'une moto rutilante sur laquelle ma baguette a l'air de concurrencer Brigitte Bardot chantant "Harley Davidson"...





Mais le texte ! C'est rétro, certes. Rétro, mais pas encore assez. Enfin quoi! Nous voulons du rétro campagne, qui fleure bon la bicyclette d'Yves Montand, pas du rétro qui schlingue l'Easy Rider à Tourcoing!




Ceux qui ont rédigé ce texte effarant auraient bien besoin d'un publicitaire winner, pour citer Christian Sauvage qui en riait récemment sur son blog chez Livres-Hebdo...



Désormais, pour moi, c'est Poilâne. Au moins, le matin, quand mon oeil refuse de s'arracher à ses lectures comateuses de petit-déjeuner, je peux contempler un bel âne de nos campagnes qui me raconte à quel point ce pain est bien de chez nous, rassurant, traditionnel.

C'était un billet inavouable pour une lecture inavouable.

mardi 23 octobre 2007

Romain lit "La femme du cinquième"

Marne-la-Vallée, dans un endroit hyper super top secret, le 22 octobre 2007



Romain, 30 ans, régisseur. Vit en région parisienne


Je travaille parfois sur un spectacle que je n'ai pas le droit de nommer ici (chut chut!). Quand Romain fait la régie, c'est génial. Tout juste si on ne sort pas le pack de Kronenbourg et la pizza. Non, je plaisante. Romain est un aimable lecteur qui bouquine sagement en coulisses... et ne s'attendait vraiment pas à être interviewé par une comédienne en costume de groom!


Qu'est-ce que tu lis?

La femme du Ve, de Douglas Kennedy.



L'histoire d'un loser. Un homme de quarante ans, marié, père de famille, professeur en université aux Etats-Unis, fraîchement débarqué en France après avoir perdu sa femme, l'amour de son enfant et son métier. Il est sans argent à Paris et il essaie de démarrer une nouvelle vie.




Une phrase que tu aimes dans ce livre :

"Il avait l'air facile, ce boulot pas réglo". Ca résume bien le moment où j'en suis dans le bouquin. Point.


Sinon il y a aussi une citation qui me plaît en page de garde, une citation de Georges Simenon dans La fuite de Monsieur Monde :


"Tout ce qu'il avait dit au commissaire était vrai, mais il arrive que rien ne soit plus faux que la vérité".




Hé, mais il est super, ton marque-page! Ca prouve qu'il y a des gens qui lisent ET qui aiment encore la photo argentique... j'adore!





Pourquoi ce livre?

J'ai lu d'autres livres de cet auteur qui m'ont beaucoup plu, notamment Cul-de-Sac et L'homme qui voulait vivre sa vie. J'aime bien le style d'écriture du gars, qui est assez direct. Il parle de personnes de personnes assez mal en point, qui vivent des tas de petites choses qui peuvent pourrir la vie... rien d'extraordinaire, des personnages qui doivent ramer pour revenir à une situation personnelle décente.


Le style est très rigolo, même si ce n'est pas un roman drôle.





Ce marque-page me fascine... à la lumière, on distingue un groupe de rock en plein concert. Romain m'apprend qu'il travaille avec eux...



Comment ce livre est-il arrivé entre tes mains?

Je l'ai acheté dans un supermarché du livre (sic) qui s'appelle Cultura, à côté de chez moi, à Chelles. Ils vendent des livres, de la peinture et des disques, mais ils ont un très mauvais rayon disques. C'est une sorte de FNAC en un peu plus cool. Je suis pas très FNAC.


Je savais en finissant L'homme qui voulait vivre sa vie que j'allais enchaîner sur celui-là, La femme du Ve. C'est son dernier livre, il est sorti il y a deux ou trois mois.




Et maintenant, qu'en penses-tu, de ce livre?

J'ai lu 90 pages sur 380. Je ne suis plutôt pas déçu. A priori le personnage principal me plaît un peu moins que le précédent mais plus j'avance et plus il me convient. C'est un homme plus mûr que les précédents. Dans le livre que j'ai lu avant, le héros avait trente ans, donc j'étais plus touché par son histoire. Là, il a 45 ou 50 ans, donc j'ai mis plus de temps à me sentir concerné, mais ça vient.




Tu as envie de continuer?
Clair! ça ne m'est arrivé qu'une fois de ne pas finir un livre. C'était La dernière valse de Mathilde*. Je me souviens plus de l'auteur. Je ne me suis pas beaucoup accroché, faut dire. J'ai lu cinquante pages et ça m'a fait chier de bout en bout!


Quel est ton livre préféré?
J'en ai pas.

Ah bon????!!!


Ah si! Une autobiographie! Ca marche ça? Cash de Johnny Cash. Je ne suis pas un grand fan de sa musique, mais son livre... franchement ça déchire, ça déchire vraiment! Ce gars a eu une vie incroyable, c'est plus rock n'roll que tout ce que j'ai jamais lu, une vie de fou! je ne savais même pas qu'on pouvait vivre comme ça. Il est allé au bout du bout du bout... et il en est revenu d'ailleurs! Drogue, alcool, démence, dégoût de la vie... et il a réussi à se remettre sur pattes!

D'ailleurs c'est bizarre, en décrivant le truc, on aboutit au même personnage que le héros de La femme du Ve! Sauf que pour Cash, ce n'est pas un roman, mais une vraie vie... incroyable! Un homme exceptionnel! Je n'aime pas les autobiographies des artistes de 30 ou 40 ans, à cet âge-là je trouve ça un peu pompant, mais lui, il a eu une vie vraiment complète!

Maintenant, fais-moi une grimace inspirée par La femme du cinquième!



Pour le moment, la femme du Ve n'est pas encore apparue dans le livre, mais j'imagine qu'elle va être sexy!



Et désormais, Romain sera pour moi...

Celui qui m'a fait mourir d'envie de lire l'autobiographie d'un vieux rocker décadent! (et génial, soit dit en passant...)


* Il s'agit, après quelques recherches sur Google, de "La dernière valse de Mathilda", par Tamara Mac Kinley. Merci à Jo Ann, une bloggeuse du bout du monde (angolaise!) chez qui j'ai volé ce petit renseignement.

samedi 13 octobre 2007

Jake lit "Die Hunde von Riga"

Berlin, quartier de Mitte, dans la cuisine de Jake et Malcolm, le 2 octobre 2007.






Jacob, 27 ans, Américain, professeur d'anglais et barman. Vit à Berlin (Mitte).







Comme vous l'avez peut-être compris, Jacob, dit Jake, vit en colocation avec Malcolm - le musicien prof d'anglais qui adore lire Moby Dick sur le trône.



Dès qu'il a un moment, Jake dégaine un bouquin. Allongé sur le canapé, les jambes croisés. Sur son pouf rose fluo au milieu du salon. Des romans et des essais rédigés dans toutes les langues (anglais, allemand, français) jonchent le sol de sa mezzanine. Bref, Jake aime lire, et dans le texte, s'il vous plaît!


Je le retrouve bizarrement dans la même position que Malcolm lors de son interview : assis à la table de sa cuisine pour lire son roman à la lueur d'un spot.



Interview obligatoire! Et en français, en plus!



Qu'est-ce que tu lis?

Die Hunde von Riga d'Henning Mankell (en allemand).






Une phrase que tu aimes dans ce livre :

"Es fiel ihm immer noch schwer zu begreifen, dass es keinen Staat namens DDR mehr gab, dass ein ganzes Volk, dass Ostdeutsche, aufgehört hatte zu existieren."

Traduction (toute personnelle) : "Il lui était encore difficile de comprendre qu'il n'y avait plus d'état appelé RDA, qu'un peuple tout entier, celui de l'Allemagne de l'Est, avait cessé d'exister."





Pourquoi ce livre?

Parce que c'est le deuxième de la série policière et que j'ai lu le premier. Enfin, ce n'est pas réellement une série car l'ensemble des livres n'a pas de titre général, mais les histoires ont toutes le même inspecteur de police, Kurt Wallander.

Beaucoup de gens m'avaient dit que Mankell est un bon écrivain. C'est un auteur suédois.

Le livre est traduit en allemand et je veux lire en allemand pour progresser. C'est un policier, donc le suspense me pousse à continuer ma lecture : parfois, quand tu lis dans une deuxième langue, c'est assez lent, tu ne lis pas aussi vite que dans ta première langue. Avant, quand je lisais d'autres livres en allemand, ça ne marchait pas très bien. Maintenant que je lis des policiers, la motivation est plus grande.




Les chiens de Riga ( traduction de "Die Hunde von Riga") : ça se passe en Lettonie, cette histoire?


Pas encore, les héros sont toujours en Suède, mais je pense qu'ils vont bientôt aller en Lettonie, oui. C'est pour ça que la phrase que j'ai choisie est intéressante, parce qu'elle évoque la période de l'ouverture des pays de l'Est au reste du monde. Je pense que le livre va être intéressant : ça parle beaucoup de la criminalité, de la mafia des anciens pays soviétiques.





Ca raconte quoi, ce bouquin?


Un canot de sauvetage a échoué sur la côté suédoise. Dedans, il y a deux mecs qui ont été assassinés. Personne ne sait d'où ils viennent ni qui ils sont. C'est intéressant : le meurtrier les a tués, puis les a habillés avec leurs smokings. C'est un peu bizarre. Pendant l'autopsie, il a été découvert que leur dents ont été soignées par un dentiste de l'ancien bloc de l'Est (cela se voyait car la façon de travailler était très différente). On reconnaît donc que les deux gars viennent du bloc de l'Est et qu'on les balancés dans un canot jusqu'à la Suède.


A ce moment là, Malcolm délaisse un instant sa vidéo hurlante de Led Zeppelin et intervient : "He's telling you crap!" (Il te raconte des conneries!). Nous rions bêtement. Berlin, ça rajeunit. Malcolm nous présente un des ses amis anglais, mixte de Pete Doherty et de Hugh Grant, humour anglais à fond. Ils nous saluent et s'en vont à une soirée "coke et joints" en déplorant l'absence de gâteaux et de jus de fruits.




Comment ce livre est-il arrivé dans tes mains?

Je l'ai emprunté à Annika, la soeur de Katrin, mon ex-copine. Elle possède trois romans de la série. Elle va me prêter le troisième, j'en suis sûr. Ca me plaît, j'ai aimé les deux premiers.





Et maintenant, qu'en penses-tu, de ce livre?

J'ai lu 104 pages en cinq jours. Ce n'est pas très rapide, mais en allemand, c'est déjà pas mal pour moi. C'est facile à lire, c'est marrant, le style est classique des romans policiers... En fait non, ce n'est pas classique. Le héros, Kurt Wallander, a plein de problèmes, des problèmes de famille : son père est très vieux, sa femme vient de le quitter, il ne parle plus à sa fille et chaque fois qu'il est en mission, il a des accidents. Il est maladroit. C'est un anti-héros!


Pour l'instant je ne sais pas encore vraiment quoi penser de ce livre. Il faut que je finisse un livre pour le juger. Pour le premier par exemple, j'ai aimé le début de l"histoire, mais la fin traînait en longueur. Là, c'est le contraire.

A mon avis, cette suite de romans n'est pas conçue comme une série, car chaque opus a une fin en soi.


Pour le style d'écriture, je dirai que c'est un peu comme Fred Vargas, en France.


Ce qui est drôle, c'est que j'ai commencé à lire des livres policiers par motivation pour apprendre l'allemand et maintenant, je suis fan de ce genre. D'ailleurs, j'ai toujours adoré les films noirs aussi, comme Touch of evil d'Orson Welles...


Quel est ton livre préféré?

Impossible de choisir! Bon, il y en a deux que j'ai vraiment lu et relu : The great Gatsby (Gatsby le Magnifique) de Fitzgerald et A moveable feast (Paris est une fête) d'Hemingway.



C'est drôle, ces deux livres sont contemporains l'un de l'autre...

Ce style d'écriture très sincère, très direct était nouveau pour l'époque et a été créé par ces deux écrivains, Fitzgerald et Hemingway. L'atmosphère de ces deux romans me plaît. C'est "la bonne vie"... Les deux livres parlent de ce qui est important dans la vie. Ca m'a vachement influencé quand j'étais jeune. J'habite à Berlin pour vivre comme ces héros, peut-être. Ici il y a toujours des gens un peu fous, des personnages... ici, tu peux sortir et boire tous les soirs... faire n'importe quoi, un peu! La vie d'expatrié, quoi.



Maintenant, fais-moi une grimace inspirée par Die Hunde von Riga!


Tu fais l'assassin, ou le policier maladroit façon Pierre Richard dans "La chèvre"?

Et désormais, Jake sera pour moi...

Quelqu'un à qui je pourrai offrir un Agatha Christie traduit en magyar...


mercredi 10 octobre 2007

Bat For Lashes - Whats a Girl To Do

Ewa Demarczyk - Tomaszów

Le crossover de Thom

Kalistina, qui tient un super blog de lecture que j'ai découvert récemment, m'a mise sur la piste de Thom, qui tient un super blog musical et littéraire.
Thom a inventé un crossover amusant : les bloggers littéraires écrivent sur un disque, les musicaux, sur un livre.
Après avoir fouillé ma discothèque démentiellement grande (je vis avec un homme qui a longtemps nié que le mp3 puisse être un format valable et qui s'accroche à ses vieux CD, voire cassettes, comme une moule à son rocher) je vous ai dégotté du très pointu.
Plutôt que de vous parler de Nick Cave, Tom Waits, Björk ou Lhasa, que j'adore, mais que vous connaissez, je vous ai sélectionné deux femmes aux voix exceptionnelles.
Brunes, belles, sensuelles et nordiques.
La première, c'est Natasha Khan du groupe Bat for Lashes. Je les adore depuis le tout début de leur carrière... et je vous ai déjà parlé d'elles. Ce clip, en plus, est une merveille absolue à la David Lynch. J'aime tout chez Natasha Khan : sa voix, ses fringues de mini-Sioux qui construit des cabanes dans la forêt, son humour (je l'ai vue sur scène) et même son nom!
La deuxième, c'est Ewa Demarczyk. Une chanteuse polonaise qui a connu la gloire dans les années 1960. Admirez l'eye-liner.